4 – Une Consommation en baisse dans les pays européens notamment en France
La consommation européenne globale de viande de boucherie est toujours orientée à la baisse mais il existe de grandes variations selon les pays.
Par exemple, selon les données de la Commission, en Italie, les achats de viande ont reculé de 4,4 % sur les neuf premiers mois de 2017 par rapport à une même période de 2016 où ils affichaient déjà une baisse de 5,8 %. En Espagne, les achats des ménages de viande bovine ont chuté de 4 % au premier semestre.
Néanmoins, les achats d’élaborés (toutes viandes) se sont maintenus (+0,8 %).
À l’inverse, au Royaume-Uni, les achats de bœuf frais ou congelé progressent (+1,4 %), grâce au tonus des pièces à griller (+6,4 %) et marinées (+7 %). Les ventes de plats préparés réfrigérés bondissent aussi de 5,4 %.
La consommation de viande de boucherie en France, représente 68% de la consommation totale de viande, mais est en baisse régulière et notamment chez les jeunes générations. Jugée trop onéreuse, notamment après la crise économique de 2008, la consommation s’est reportée en partie vers les protéines d’origine végétale.
La sensibilité croissante des consommateurs occidentaux aux conditions de production et de transformation (bien-être animal, enjeux environnementaux, nouveaux rapports avec la nature, volonté de proximité) pèse évidement dans leur choix de réduire leur consommation de viande.
Le vieillissement de la population et les préoccupations de santé contribuent aussi nettement à cette tendance structurelle.
L’éloignement du consommateur du monde agricole influe sur les tendances de consommation avec notamment un besoin accru de transparence et d’information mais aussi par la demande sur des produits à base d’insectes, de levures ou d’algues.
La consommation de protéines végétales, utilisées comme ingrédients, devrait continuer à progresser dans les années à venir. Leur apport nutritionnel et le développement des cultures en particulier dans la filière biologique sont des facteurs de croissance. Le prix élevé de ces produits reste cependant un frein non négligeable à la consommation.
5 – Une dépendance aux variations du marché du lait :
Le marché de la viande bovine est lié à celui du lait ; quand le cours du lait est plus favorable, comme c’est le cas actuellement, il y a moins de vaches laitières sur le marché.
Après quatre années de croissance, le cheptel européen se stabilise selon le dernier recensement communautaire. La crise du lait a engendré davantage de réformes de vaches laitières et les éleveurs ont moins gardé de génisses de renouvellement.
Le cheptel laitier est ainsi en baisse de 1 % par rapport à 2016. Le troupeau allaitant, deux fois moins important, est resté stable.
En France, Le troupeau des vaches laitières recule encore (-0,7 %) tandis que celui des vaches allaitantes évolue peu (-0,1 %) (alors que le cheptel bovin français progressait depuis 2014).
6 – Les accords internationaux
L’Union européenne et le Japon ont signé, le 6 juin 2017, un accord de principe sur les principaux éléments d’un accord de partenariat économique, le JEFTA.
Cet accord supprimera quasiment tous les droits de douane. De nombreux produits sont en effet, actuellement taxés. Une baisse des droits de douane échelonnée dans le temps a été conclue pour le bœuf, passant progressivement de 38.5 % à 9%.
Les nombreuses procédures présentes sur le marché japonais sont également un frein aux exportations européennes. Ces procédures dissuadent les exportateurs de l’Union Européennes de faire le nécessaire pour obtenir toutes les autorisations requises.
Cet accord va se traduire, au niveau commercial, par une libéralisation partielle ou totale des échanges et une augmentation substantielle des exportations européennes de viande bovine vers le Japon.En contrepartie, le Japon bénéficiera d’un accès à taux nul au marché de l’UE pour la quasi-totalité de ses produits agricoles et alimentaires tels que le bœuf.
L’accord entre L’union Européenne et le Canada, le CETA (Comprehensive Economic Trade Agreement) est entré en application provisoire fin septembre 2017 mais reste susceptible d’être remis en cause par le rejet éventuel d’un des parlements nationaux de l’UE.
Son application devrait entraîner une augmentation globalement limitée des importations européennes de viandes de bœuf canadiennes.
L’accord prévoit de créer au Canada une filière bovine spécifique garantie sans hormone destinée à l’exportation vers l’Union européenne mais sans garantie sur les questions du bien-être animal, de l’alimentation animale et de l’administration d’antibiotiques comme activateurs de croissance.
Le marché européen présente l’avantage pour le Canada de permettre la valorisation des découpes d’arrière de vaches de réforme de type viande, qui sont habituellement destinées à la viande hachée.
Plus le niveau de découpe est fin, plus les produits canadiens deviennent compétitifs par rapport aux produits européens. Les viandes importées pourraient donc être essentiellement des pièces d’arrière de haute qualité, principalement à destination du marché de la restauration hors domicile européen.
La concurrence devrait donc s’accroître pour les pièces qui constituent le cœur de valorisation des carcasses de vaches de réforme et de génisses de races à viande. La France, où la consommation porte essentiellement sur les vaches de réforme, pourrait être particulièrement touchée.
Accord entre l’union européenne et le Mercosur (marché commun sud-américain qui rassemble le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay) : lors d’une réunion à Bruxelles fin septembre 2017, la Commission européenne a proposé aux Etats membres de l’UE d’accepter l’entrée d’un contingent de 70 000 tonnes de viande bovine (et d’éthanol) en provenance du Mercosur dans l’espoir d’élargir les débouchés pour ses automobiles.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit en effet, vouloir « tout faire » pour un accord avec le bloc commercial Mercosur avant fin 2017.
« Ce sera l’accord commercial le plus important en termes de volume. Un bon accord avec les pays du Mercosur, c’est huit fois plus que l’accord que nous avons avec le Canada et quatre fois plus que l’accord que nous avons avec le Japon ».
La France s’oppose à la proposition de la Commission européenne et le président français a rappelé la « nécessité d’une politique équilibrée entre ouverture et protection pour recréer la confiance dans les échanges commerciaux » et devrait faire des propositions dans ce sens.
D’autres pays, comme l’Espagne attendent au contraire beaucoup de cet accord.
La Commission a également annoncé l’ouverture prochaine de discussions avec deux autres pays où l’agriculture joue un rôle majeur : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Le marché de la viande bovine en Europe est donc directement lié aux échanges internationaux.
Les grosses perturbations actuelles entrainent une vraie pénurie de viande et des prix en forte hausse.
L’avenir reste pour l’instant incertain.